On les appelle vergetures, stries, ou parfois zébrures de la vie… moins poétique une fois qu’elles s’installent sur nos fesses sans préavis. Présentes chez 8 personnes sur 10, elles n’épargnent ni les femmes ni les hommes, ni les ados ni les mamans. Mais pourquoi apparaissent-elles ? Et surtout, peut-on espérer les faire disparaître un jour ? Spoiler : le mystère est plus technique qu’il n’y paraît. Et non, ce n’est pas qu’une histoire de crème miracle.
Ces zébrures pas si exotiques : comprendre d’où viennent les vergetures
Les vergetures, ou striae distensae si on veut briller dans un dîner, sont en réalité de fines déchirures du derme profond. Plus précisément, elles surviennent quand les fibres de collagène et d’élastine, celles qui donnent à notre peau sa souplesse et sa tonicité, cèdent sous la pression d’un étirement trop rapide. Résultat : un effondrement de la structure cutanée, suivi d’une inflammation, puis d’une cicatrisation qui laisse cette fameuse marque légèrement en creux.
Elles ne sont donc ni des taches, ni des problèmes de surface. Non, non. C’est bien plus sournois : les vergetures viennent de l’intérieur. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas uniquement une histoire de grossesse ou de prise de poids. Mais alors, quelle est la cause des vergetures la plus probable ? Le facteur hormonal est souvent le vrai déclencheur. Quand le cortisol, cette hormone du stress, est secrété en excès (notamment lors de pics hormonaux comme la puberté ou une grossesse), il perturbe la production de collagène. La peau devient alors moins résistante à la tension mécanique, et craque.
Alors oui, on peut être jeune, mince, en forme, et se retrouver tout de même avec une constellation de zébrures sur les fesses. La génétique entre aussi dans la danse : certaines peaux sont plus fines, plus fragiles, ou moins élastiques de naissance. C’est injuste, mais c’est comme ça. Et non, ce n’est pas parce qu’on s’est gratté frénétiquement la nuit dernière.
La grande question : peut-on vraiment les faire disparaître ?
Non, on ne peut pas faire disparaître une vergeture. Pas au sens strict. Pas comme on efface un trait de crayon ou qu’on supprime un bouton. Une fois que la peau a craqué, elle garde une trace. Comme une cicatrice. Car c’en est une, en réalité. On ne parle pas de pigmentation ni de simple déshydratation. On parle d’une rupture structurelle de la peau qui a laissé une empreinte plus ou moins creuse. Et ça, ce n’est pas une crème miracle qui va l’effacer comme par enchantement.
Mais, heureusement, tout n’est pas perdu. On peut considérablement améliorer l’aspect des vergetures, les rendre plus discrètes, plus lisses, plus fondues dans le paysage cutané. On peut aussi agir en prévention — et là, oui, c’est vraiment efficace. Mais pour la disparition totale, il va falloir redescendre de votre licorne.
Cela dit, certaines méthodes se défendent franchement bien. La médecine esthétique propose aujourd’hui plusieurs techniques qui ont fait leurs preuves : micro-needling, radiofréquence fractionnée, lasers fractionnés non ablatifs (comme le laser Fraxel), ou encore peelings aux acides trichloracétiques. Leur point commun ? Stimuler la production de collagène in situ, et forcer la peau à « réparer » plus joliment la zone touchée. Résultat : des vergetures plus fines, plus proches du ton de la peau, moins visibles.
Mais attention, ces techniques sont efficaces uniquement sur les vergetures dites “récentes” (rosées, rouges, violettes). Dès qu’elles deviennent blanches, c’est-à-dire cicatrisées, elles sont bien plus coriaces. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire. Mais le travail sera plus lent, plus progressif, et surtout plus coûteux.
Et les crèmes dans tout ça ? Rêve ou réalité ?
Le marché des soins anti-vergetures est, disons-le, un joyeux bazar. Des flacons qui promettent monts et merveilles, des huiles soi-disant « miraculeuses », des sérums à 60 € les 30 ml… Et au milieu de cette foire cosmétique, quelques vérités à ne pas oublier.
D’abord, aucune crème ne peut réparer une déchirure du derme. Aucune. Ce n’est pas une question de prix ni d’origine bio, c’est une question d’anatomie. Ce que peuvent faire les soins topiques, en revanche, c’est hydrater intensément, assouplir la peau, renforcer légèrement la barrière cutanée, et créer un environnement plus favorable à la régénération cellulaire. Autrement dit : atténuer l’apparence des vergetures, les rendre moins visibles, et surtout prévenir l’apparition de nouvelles. Et ça, c’est déjà pas mal.
Parmi les ingrédients à surveiller ? Les rétinoïdes (comme le rétinol), très efficaces sur les vergetures récentes mais à utiliser avec précaution — interdits pendant la grossesse, évidemment. L’acide hyaluronique, lui, hydrate en profondeur et peut améliorer l’élasticité cutanée. Les peptides, le centella asiatica, la vitamine E, ou certaines huiles végétales comme celle de rose musquée ou de marula peuvent aussi être intéressantes. Mais toujours dans une logique d’entretien, pas de miracle.
Et surtout, il faut être régulier. Une application en dilettante une fois tous les quinze jours ne suffira pas. Il faut masser, insister, être patient, et… recommencer. C’est une routine longue, parfois ingrate, mais qui porte ses fruits sur le long terme. En prévention, c’est même ultra efficace.
Peut-on vraiment les prévenir ? Spoiler : oui, mais…
La prévention des vergetures, c’est un peu comme le sport ou la méditation : on sait que c’est bon pour nous, mais on ne le fait pas toujours. Pourtant, lorsqu’on anticipe un changement hormonal ou une variation de poids importante (grossesse, adolescence, prise de masse musculaire, traitement corticoïde…), il est vital d’accompagner sa peau. Littéralement.
Ce que la peau déteste, ce sont les variations brutales. Elle aime la lenteur, la progressivité, la prévisibilité. Alors quand elle se retrouve à devoir s’adapter à un ventre qui s’arrondit en trois mois ou à des cuisses qui prennent deux centimètres de tour en quelques semaines, elle panique. Et elle craque.
C’est là que l’hydratation joue un rôle fondamental. Une peau bien nourrie est une peau plus souple, plus apte à encaisser les chocs de croissance. Il faut donc la chouchouter. Dès les premiers signes de transformation corporelle, on masse généreusement, on nourrit intensément, on assouplit. Et pas une fois par semaine en dilettante : tous les jours, voire deux fois par jour si nécessaire.
Les huiles végétales sont idéales en prévention, car elles renforcent le film hydrolipidique sans obstruer la peau. L’astuce ? Appliquer son huile juste après la douche, sur peau encore légèrement humide. Ça permet de sceller l’hydratation et de gagner en efficacité. L’application devient alors un petit rituel, presque sensoriel, et franchement agréable. Surtout si l’huile sent bon. (Avouez : vous aimez aussi.)
Autre point à ne pas négliger : l’alimentation. Une peau bien nourrie de l’intérieur est plus résistante. Les acides gras essentiels, les vitamines A, C, E, le zinc, le collagène alimentaire… tout cela contribue à maintenir une bonne qualité de peau. Et ça se voit, sur le long terme. Alors oui, les chips c’est bon, mais les oméga-3 aussi.
Et si on apprenait aussi à faire la paix avec elles ?
Bon. Maintenant qu’on a fait le tour des causes, des solutions et des limites, posons-nous la vraie question : pourquoi tant de haine envers ces pauvres vergetures ? Ne sont-elles pas, au fond, le témoin d’une vie qui change, d’un corps qui évolue, d’une histoire qui s’écrit ?
Évidemment, tout le monde n’est pas obligé de les aimer. Mais peut-être qu’on pourrait arrêter de les détester. Certaines les affichent fièrement, d’autres les dissimulent avec soin et toutes les positions sont légitimes. Ce qui compte, c’est d’avoir le choix. Et surtout, de comprendre que leur présence ne dit rien de votre beauté, ni de votre valeur. La peau est un organe vivant, mobile, qui vit, respire, s’adapte. Et parfois, elle garde des souvenirs.
Alors, si vous avez envie de les estomper, foncez. Mais si vous en avez marre de vous battre contre elles, peut-être qu’il est temps de faire un pacte de non-agression. De les hydrater avec amour, sans chercher à les effacer. De les regarder comme on regarde une cicatrice de vacances : un souvenir, un passage, un mouvement.